Un monde particulier de la mobilité : les lépreux au XVIIe siècle
Migrations
Écrit par Jean-Yves Bou et publié le 27 Jan 2017
2 minutes de lecture
Les maladreries ou léproseries au XVIIe siècle
La chapelle Saint-Thomas de la Maladrerie de Millau
La base de données du Cercle Généalogique de l'Aveyron permet d'identifier des maladreries qui accueillaient encore des familles de lépreux au XVIIe siècle :
- à Rodez, la maladrerie dite de Combecrose ou Saint-Georges.
- à Millau, la maladrerie Saint-Thomas.
- La maladrerie de Saint-Affrique.
La mobilité matrimoniale des lépreux au XVIIe siècle
La base du C.G.A. permet d'identifier plusieurs familles dont les liens croisés sont complexes : les DUBOIS de Millau et de Saint-Affrique et les BOYER de Rodez sont présents dès le début du XVIIe siècle ; ces deux familles se lient par mariage aux PARREL de Mende et de Marvejols, directement ou par l'intermédiaire des MONTBELLE.
Acte de mariage en 1641 de Jacques Bosquans de Toulouse et de Marthe Dubois de Millau, qui abjure le protestantisme (A.D. 12, 2 E 157-M2)
À Saint-Affrique arrivent dans les années 1620 les PLANCHIER dont l'origine n'est pas connue, mais la mère, Claire FONGIERE (ou FARGUIER) est originaire de Champagne, et cotenante de la maladrerie de Montpezat en Vivarais ; ils se lient aux DUBOIS.
Le « connubium » des lépreux – c’est à dire l’espace géographique dans lequel ils se marient – est très large puisque les mariages se font entre les maladreries de Millau, Saint-Affrique, Rodez, Mende, Marvejols, Albi, Cordes, Toulouse, Limoux, Carcassonne, Baillargues, Le Puy et Polignac.
Quelques exemples :
A.D.12, registre paroissial de Saint-Affrique, 2E 216 - GG2
- le 16 mars 1625, à Saint-Affrique est baptisée Claude, fille d'Anthoine Plancher et de Claire Thoulonne, de la maladrerie de La Pradelle en Gévaudan. Sa marraine est Claude Fongière, originaire de Champagne, habitant la maladrerie de Montpezat en Vivarais ;
- en 1632, Jean Saint-Pierre, pauvre lépreux de Limoux passe contrat de mariage avec Enjalette Planchier de Saint-Affrique ;
- en 1644, Antoine Dubois naît à la maladrerie de Saint-Affrique. Son parrain homonyme est de la maladrerie de Millau et sa marraine, Catherine Monbelle, de la maladrerie de Marvejols ;
- en 1665, un lépreux de Mende est enterré dans le cimetière des Ladres de Saint-Affrique ; la même année, Antoine Dubois de la maladrerie de Saint-Affrique épouse Hélix Armandoune du Puy ;
- en 1672, c'est un malade de Mende qui épouse une fille de la maladrerie Saint-Georges de Rodez ;
- en 1679, une fille de la maladrerie de Rodez est marraine à Saint-Affrique, etc.
Il semblerait que chaque maladrerie ne soit alors habitée que par une ou deux familles, et que les mariages se fassent donc entre maladreries, relativement éloignées les unes des autres. Certains ladres ont un métier : charpentier, menuisier, ou forgeron. D’autres sont dits « pauvres ».
La descendance de la famille Dubois de Millau montre qu’elle s’est fondue dans la population locale, guérie au XVIIIe siècle d’une maladie qui semblait systématiquement héréditaire au XVIIe siècle.
Jean-Yves Bou, 2015-2017.
COSTESEQUE
M. Bou, Je suis en train de faire les BMS de Villemoustaussou dans l'Aude, j'ai noté :
Ce couple a eu au moins
François QUERCY x Halix SEGALARE + 1633 même maladrerie, x Valérie DUBOIS dont au moins,
Je prends note de l'ascendance de Valérie, Pierre et Jean DUBOIS avec citation de ma source et vous remercie pour cet article très intéressant
JEAN-YVES BOU
Merci pour ces informations !! qui montrent d'ailleurs une curieuse variante orthographique de QUERCY à CARSSY !