Histoire de Saint-Léons (2) : Saint-Léons avant l’histoire
Saint-Léons
Écrit par Jean-Yves Bou et publié le 17 Nov 2022
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Histoire de Saint-Léons (2) : Saint-Léons avant l’histoire
Dolmen de La Glène
Texte publié pour la première fois dans l’ouvrage collectif : Saint-Léons, des femmes … des hommes … et leurs racines, Cercle Généalogique de l’Aveyron, 2014.
Je remercie M. François Leyge, ancien directeur du Musée de Millau, qui m'a permis de voir et photographier les objets archéologiques provenant de la commune de Saint-Léons, ce qui n'a pas été possible au Musée Fenaille de Rodez, qui conserve d'autres objets.
Pour Saint-Léons, l’Histoire commence au milieu du IXe siècle avec le premier document écrit mentionnant son existence. Cependant la présence de plusieurs dolmens et les nombreuses découvertes archéologiques moins spectaculaires témoignent de l’ancienneté de l’occupation humaine de la commune. Toutefois aucune étude ne porte précisément sur les temps préhistoriques et antiques autour de Saint-Léons.
Dolmen de La Valette et découvertes déposées au Musée de Millau (photos JYB)
Les cinq dolmens du terroir (proches de Baldare, Combuéjouls, La Glène, Le Viala et Bourrival) sont situés sur les plateaux calcaires, à proximité d’anciens axes importants de communication. Ils témoignent de la période la plus connue des archéologues aveyronnais par le nombre et l’importance des sites étudiés, l’âge du cuivre ou chalcolithique (du milieu du quatrième millénaire à la fin du troisième millénaire avant l’ère chrétienne). Il succédait à l’ère dite de la civilisation chasséenne (du milieu du cinquième millénaire au milieu du quatrième millénaire) caractérisée par l’essor de l’agriculture (blé et orge), de l’élevage (surtout ovin) et de la poterie, et le recul de la chasse. Ce fut aussi la période d’apparition d’un habitat en plein air. Au chalcolithique, les déboisements se poursuivirent, les activités minières se développèrent et les céramiques devinrent plus diversifiées.
Dolmen du Pous, près du Viala et les découvertes archéologiques déposées au Musée de Millau (photos JYB)
À l’inverse, l’âge du bronze (vers 2200 – vers 800 avant l’ère chrétienne) fut une période de recul démographique en Aveyron. Toutefois, une reprise s’opéra au début du premier millénaire avec l’occupation des sites de hauteur comme La Granède et la butte de Sévérac.
Elle se poursuivit après l’apparition de la métallurgie du fer, vers 800 av. J.C. Ce fut alors la période des sépultures sous tumulus, dont plusieurs ont été repérés sur le territoire de la commune de Saint-Léons, alors qu’aucun site d’habitat n’est connu. Le matériel recueilli dans les tumulus témoigne de la hiérarchisation sociale et de l’émergence d’une aristocratie guerrière. Il montre aussi la multiplication des échanges avec le bassin méditerranéen et l’Europe continentale. La fouille du dolmen de Baldare par Louis Balsan en 1929-1930 a révélé une réutilisation du lieu à des fins funéraires au temps du premier âge du fer (VIIe-Ve siècle av. J.C.). Il a livré le plus bel exemple aveyronnais de vase à décor graphité (voir Al Canton de Vezins, p. 25).
C’est à l’âge du fer qu’est associé le peuplement celte de la Gaule et plus précisément l’installation des Rutènes sur le territoire aveyronnais. Un habitat de type urbain se développa sur les hauteurs, dans les oppida fortifiés, mais aussi dans les vallées comme à Millau – Condatomagos. Parallèlement, des domaines ruraux précédant les villae gallo-romaines firent leur apparition. Dès avant la conquête de 52 av. J.C., la romanisation de la cité des Rutènes s’amorça sur une organisation territoriale antérieure.
Le territoire de Saint-Léons était déjà dominé par les axes de circulation partant de Millau vers le nord : un grand axe passant par la Glène puis Les Arènes, et d’autres axes divergeant vers le nord-ouest. Plusieurs sites avec tessons et fragments de poteries et de tuiles ont été identifiés le long de ces axes (La Glène, Peyrelevade, Les Arènes, La Valette, Montplo). Mais ils ne s’agit apparemment ni de villae, ni d’agglomérations importantes.
Ainsi, pour la période romaine comme pour le premier Moyen Age et le début de la christianisation, nous sommes aujourd’hui dans l’incapacité de tracer une histoire singulière de Saint-Léons, faute de documents et de fouilles archéologiques. On ne peut que s’en remettre aux études générales, en se rappelant que ces temps historiques font l’objet d’investissements imaginaires qu’il faut considérer avec beaucoup de prudence.
Dolmen de Combuéjouls
Bibliographie :
CARRIERE Albert, op. cit., pp. 700-707.
DAUSSE L. et RENIER J.-M., « Antiquité », dans L’Aveyron, une histoire, 2000, pp. 26-43.
DELMAS Jean, « Saint-Léons », notice dans GRUAT, MALIGE et VIDAL, Carte archéologique de la Gaule, l’Aveyron, Paris, 2011, p. 552.
GRUAT Philippe, « Los Rutenas » dans BEDEL, Vezins, 1993, p. 25.
GRUAT Philippe, « L’archéologie des territoires : la lente conquête des terroirs », dans BRIANE et AUSSIBAL, Paysages de l’Aveyron, Rodez, 2007, pp. 30-43.
MAURY J. et RENIER J.-M., « Préhistoire », dans L’Aveyron, une histoire, 2000, pp. 9-25.
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