L'Atlas du Rouergue à la veille de la Révolution

Atlas du Rouergue

Écrit par Jean-Yves Bou et publié le 10 Nov 2016

7 minutes de lecture

Cette page présente L'Atlas du Rouergue à la veille de la Révolution française, un ouvrage en deux volumes paru fin novembre 2016, que j'ai mis 5 ans à réaliser, avant de le publier en autoédition. Il a été réimprimé en novembre 2017.

L'Atlas du Rouergue a pour objectif principal de restituer les limites disparues des paroisses, communautés et seigneuries telles qu'elles découpaient le territoire rouergat dans les années 1770-1790. C'est avant tout un outil de travail pour les historiens et les généalogistes qui font des recherches sur la période s'étendant du XIVe au XVIIIe siècle.

Présentation générale

Le Rouergue est l'ancien nom d'une province de France, qui correspondait globalement au département de l'Aveyron, en y ajoutant le canton de Saint-Antonin, rattaché au Tarn-et-Garonne en 1808. Avant la Révolution française, ce territoire était principalement partagé entre le diocèse de Rodez (473 paroisses) et celui de Vabres (128 paroisses). Leur frontière suivait à peu près la rivière Tarn. Mais les diocèses ne correspondaient jamais exactement aux provinces. Par exemple, le diocèse de Cahors comprenait quelques paroisses de l'ouest du Rouergue.

Les paroisses étaient avant tout des circonscriptions religieuses, mais elles servaient aussi de référence à toute localisation (du village de X, paroisse de Y, diocèse de Z). Leurs limites étaient le résultat d'un long processus de territorialisation, qui se déploya principalement durant les XIIe et XIIIe siècles. Le réseau paroissial s'était ensuite stabilisé pour cinq siècles, avec des modifications à la marge. Mais dans le cas du Rouergue, devenu Aveyron en 1790, il fut fortement remanié à l'issue de la Révolution française et évolua tout au long du XIXe siècle. De ce fait, il n'y a aujourd'hui plus aucun souvenir des anciennes paroisses, hors les archives. Comme aucune carte précise des territoires paroissiaux antérieurs à la Révolution n'a été réalisée, c'est à partir de multiples autres sources que j'en propose une reconstitution hypothétique.

Au XVIIIe siècle, les communautés étaient d'abord les circonscriptions de levée de l'impôt royal, en particulier la taille. Elles étaient administrées par des consuls cooptés pour la durée d'un an, et par une assemblée annuelle des chefs de famille. En Rouergue, leur territoire ne correspondait que très rarement à celui des paroisses. Les communautés s'étaient formées aux XIIIe-XIVe siècles sur la base des seigneuries. Dans leur cas aussi, le réseau s'était ensuite stabilisé. En 1790, au début de la Révolution française, lors de la création des départements et des communes, ce furent les 700 communautés du Rouergue qui servirent de base pour créer la plupart des communes de l'Aveyron. Au terme de 50 ans de regroupements, redécoupages et suppressions des enclaves, les territoires communaux prirent la forme qu'ils ont encore aujourd'hui, au moment d'une nouvelle phase de regroupement (2016). Pour retrouver les limites des anciennes communautés nous disposons de sources plus précises que pour les paroisses : des plans cadastraux du début du XIXe siècle, plusieurs types de documents de la période révolutionnaire et des compois (sortes de matrices cadastrales) du XVIIe ou du XVIIIe siècle.

Dans la mesure où les communautés en étaient issues, les seigneuries avaient certainement des limites proches, mais les sources sont assez limitées pour le confirmer en détail. J'ai signalé les cas où il y avait divergence importante entre les deux. La géographie du réseau seigneurial sera précisée dans un troisième volume de l'Atlas des paroisses actuellement en préparation.

Deux volumes sont déjà parus. Voici leur contenu :

Volume I

Volume I.png couvertures réalisées par Benjamin Lemoine

Le volume I contient les cartes des communes aveyronnaises au moment où elles étaient 304, les cartes des communes du Tarn-et-Garonne et du Lot anciennement en Rouergue et quelques autres communes des départements limitrophes concernées par le sujet. Ces cartes montrent les anciennes limites paroissiales, communautaires et seigneuriales, ainsi que l'habitat présent au XVIIIe siècle.

Une introduction permet d'en comprendre le principe de lecture.

Puis des annexes proposent des cartes plus générales des paroisses et des communautés, à l'échelle du Rouergue, quelques cartes en couleur et des reproductions de documents d'archives utilisés pour ce travail.

Suivent un index des anciennes paroisses, un index des anciennes communautés et un glossaire.

Volume II

Volume II.png

Le volume II contient une partie analytique qui explique quelles sources et quelle méthode ont été utilisées, qui décrit les caractéristiques des réseaux paroissial, communautaire et seigneurial en les confrontant, qui en explique les transformations successives. Puis un dictionnaire propose des notices par communes actuelles et par paroisses.

Un exemple : Saint-Beauzély

172 Saint-Beaulize et Saint-Beauzély.jpg pointillés : limites communales, petits pointillés : limites des anciennes communautés, tirets : limites des anciennes paroisses

SAINT-BEAUZÉLY

La commune est issue de l’ancienne communauté, à laquelle fut adjoint le domaine de la Gineste, anciennement de Castelnau-Pégayrols (C). En 1837, l’extrémité sud de la commune de Saint-Léons fut transférée à Saint-Beauzély (B'). Les paroisses de Saint-Beauzély (A) et Salsac (B et B') se partageaient l’essentiel de ce territoire, sur lequel débordaient les paroisses d’Estalane (C), de Saint-Laurens-du-Lévézou (D) et de Castelmus (E).

SAINT-BEAUZÉLY (Saint-Bauseli) (diocèse de Rodez, district de Millau)

La paroisse Saint-Baudile était entièrement située sur le territoire de la communauté de Saint-Beauzély (A). Le seigneur de Saint-Beauzély (M. de Pégayrolles au XVIIIe siècle) partageait le territoire et le droit de haute justice avec le prieur de Comberoumal.

Les bénédictins de Saint-Victor-de-Marseille, comme prieurs de Castelnau, étaient collateurs et décimateurs de la paroisse. Grimaldi écrit que la cure fut érigée en 1681. Il s’appuie sur des documents conservés aux Archives départementales. On y trouve l’acte d’érection de Saint-Beauzély en vicairie perpétuelle en 1682 (AD 12, G 312). La paroisse était donc une annexe de Castelnau avant cette date, mais elle était considérée comme paroisse.

L’église est dans le bourg. Elle fut reconstruite au XIXe siècle en deux étapes, mais des vestiges de l’ancienne église sont encore visibles contre l’édifice actuel. Le prieuré grandmontain de Comberoumal est un magnifique monument d’art roman. Il avait été bâti près de l’ancienne voie romaine.

Environ 600 habitants en 1771, dont 400 dans le bourg ; 658 en 1783, mais 529 en 1786.

Villages, hameaux et maisons (habitants en 1668, AD 12, G 340 ; maisons, 1787) : Alaret (35 ; 4), Barruques (31 ; 5), La Baume et La Baumette (Les Balmes, Balme de Galibert et Balme de Salgues) (31 ; 2), Le Colombier, Comberoumal (le prieuré et un domaine), Faubourg de la Madelaine (76), Faubourg Saint-Antoine et du Cap de la Viale (109 ; -), Les Gardies (40 ; 7), Les Landes (10 ; 1), Musettes (55 ; 8), Le Pont (53 ; 8).

SALSAC et AZINIÈRES (diocèse de Rodez, district de Millau)

La paroisse Saint-Jacques de Salsac et son annexe Saint-Roch d’Azinières étaient à cheval sur la communauté de Saint-Beauzély (B) et une partie de celle de Saint-Léons, aujourd’hui dans la commune de Saint-Beauzély (B’). Les seigneurs étaient respectivement M. de Pegayrolles et le prieur de Saint-Léons. Selon une étude de Marc Vaissière, le prieur de Comberoumal était seigneur haut justicier du lieu de Salsac. Mais le curé de 1771 ne le considère que comme un seigneur directier.

Les bénédictins de Saint-Victor-de-Marseille étaient collateurs et décimateurs de la paroisse, comme prieurs de Castelnau.

La jolie petite église de Salsac, considérée comme pré-romane, est champêtre. Elle était déjà en mauvais état au XVIIIe siècle et le culte fut transféré à Azinières, dans la chapelle du village.

En 1771, il y avait 141 habitants dans la paroisse, aucun à Salsac, 107 à Azinières, 7 à Roquecanude et 27 dans les trois domaines de Boulsayret, La Devèze et La Tacherie. Le curé déclare 134 habitants en 1783 et 129 en 1786.

Les autres articles de cette rubrique étudient d'autres cas issus du travail mené pour réaliser l'atlas, tant au niveau provincial (l'ensemble du Rouergue), communal (Campuac, Canet-de-Salars, Le Vibal), que local (La Combevidoulès).

Cet ouvrage -en vente à 36 euros- vous intéresse ? écrivez à admin@jeanyvesbou.fr.

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